Béni-Saf, entre mer et fer.
Mer et fer. Deux mots qui, assemblés, constituent un titre abrégé, simple et commode à se remémorer. Mais également deux mots qui véhiculent et répercutent intégralement toute l’âme et l’altérité d’une ville. D’une côte rocheuse, volcanique avec des criques, des falaises, des calanques, de l’eau claire tout de suite très profonde. Une terre charcutée par les prélèvements miniers outranciers laissant apparaître, ça et là, comme de grosses cicatrices témoins d’une exploitation, au pas cadencé, du sous-sol béni-safien. Et deux magnifiques plages de sable fin en pleine ville. A deux pas de la Marina. Sous Sagla.Et cet arrière pays ; Ghar El Baroud, Skouna, le toit de Béni-saf, Camérata, Sidi Safi et cette couleur brun-roux, ocre…
Cette “cuvette ”, où les senteurs marines mâtinées d’odeurs iodées venaient se mêler aux arômes des grillades de sardines, a-t-elle été toujours ainsi ? Quelque peu sommeilleuse, indolente et lymphatique ? D’où Béni-Saf tient-elle cette ancienne réputation de ville laborieuse et paisible ? Parfois d’opulente cité ?
Et cet humus teinté de sonorités ibériques ?
Et ce brouhaha “ downtown” fait de bruits de minuscules michelines qui tiraient des wagonnets gorgés d’hématite vers les panses de minéraliers géants impatients de quitter la darse toutes sirènes hurlantes !
Et cette topographie tourmentée qui ne présageait d’aucune installation de groupes humains dans les parages. Monts et vaux à perte de vue, une façade maritime en dents de scie sont le lot quotidien des Béni-Safiens. Oui Béni-saf est indéniablement née au forceps sur une “lointaine terre” perçue comme hostile et partant boudée. La gestation sera pénible.
Creuset où sont venus se mélanger pauvres hères marocains venus du lointain Rif, Algériens tous aussi démunis de l’intérieur des terres et enfin parias espagnols du nord de la méditerranée. Ce melting pot, de petites gens motivés au départ par la ruée…vers le fer, a su générer, au fil du temps, une culture locale originale, expressive et distinctive. Les comportements, le savoir faire marin, les pratiques culinaires ne sont nullement observés ailleurs.
D’où l’attrait tout particulier que suscite la cité auprès des nombreux visiteurs qui ne manquent pas d’y séjourner et souvent d’y revenir et parfois de s’y établir. C’est dire si la qualité, de vie y est réelle.
Hier grosse d’espoir, Béni-Saf revendique aujourd’hui sa part d’histoire. De cette marche douloureuse ( !) dans le temps ; voici donc ici un modeste témoignage. Une ébauche de l’histoire d’une contrée plurielle dont la vie économique et sociologique a été de tout temps écartelée entre mer, fer et beaucoup de labeur. [/size][table border="1"]
Voilà une région où la qualité de vie est indéniable.
Voilà une ville (et son arrière pays) dont la réputation a été trop précipitamment surfaite. Baptisée, sous le prisme réducteur de capitale des vignobles, Aïn-Témouchent n’en finit toujours pas de cuver sa “ gueule de bois”. Ce cliché immérité, à consonance insidieuse est heureusement aujourd’hui dépassé.
Ainsi des milliers de personnes traversent, en voiture, quotidiennement et en hâte, le territoire témouchentois de part en part, sans profiter un tant soit peu d’un paysage pittoresque, berceau d’une histoire plusieurs fois millénaire. Un terroir où tout devrait conforter le visiteur à un agréable séjour : la douceur du climat, le timbre, la luminosité, l’accueil légendaire… Le manque d’information et de promotion intelligentes fait que le touriste potentiel longe aveuglément la cité par le nord sans se douter aucunement qu’il franchit, là, un des coins le plus symbolique et expressif de l’Algérie profonde.
La raison à cette indolence a été promptement avancée : ce serait la proximité des trois grands centres urbains que sont Oran, Tlemcen et Sidi-Bel-Abbès qui, en somme “ ferait de l’ombre ” au pays témouchentois corsetant ainsi toute velléité de redéploiement légitime. Excuse fallacieuse ? Vérité corroborée ? Est-ce à dire qu’Aïn-Témouchent est condamnée à n’être qu’une wilaya en devenir. Une wilaya
“ fatya ” sans lustre ?
Justement ; de ce lustre, nous avons voulu témoigner modestement en nous investissant dans la mise en exergue du volet historique au demeurant fort riche. Incontestablement instructif.
D’où la mise à disposition du lecteur du présent manuscrit “ Aïn-Témouchent, chronique des temps anciens ”.
Si aucune ville n’a jamais surgi spontanément du néant, Aïn-Témouchent tiendrait sa source (sans jeu de mot !) et aussi loin que remontent les recoupements ; des Mechtas (le représentant nord africain de l’homme de Cromagnon), il y a 15 000 ans.
Leurs succèderont les Capsiens, les Zénata-sahariens.
Deux siècles avant J.C., la région prendra comme nom Safar avec pour capitale Sufat.
Devaient s’y installer ou transiter les Phéniciens et les Romains. Ces derniers y laisseront d’abandons vestiges plus ou moins identifiés.
Vers 704, Senane (Témouchent) deviendra musulmane et prendra tour à tour les appellations de Zeïdour, Ksar- Ibn Senane et Kedal).
Syphax aura porté son dévolu sur la région pour y installer la capitale (Siga) de son royaume qui s’étendait alors de la Moulouya au Maroc jusqu’aux confins de Cherchell.
Les fiers et néanmoins guerriers Béni-Ameurs y laisseront leurs empreintes perceptibles jusqu’à nos jours sur le double plan culturel et civilisationnel.
Enfin la contrée (Oulhaça, dans l’arrière pays béni-safien) aura enfanté le plus fidèle lieutenant de l’émir Abdelkader, le seigneur de guerre et meneur d’hommes, le cheikh Mohammed El Bouhmidi.
Au lecteur de la “ Chronique ” d’Aïn-Témouchent de se faire une opinion par lui-même.
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Béni-Saf entre mer et fer/Ain-Temouchent CHRONIQUE DES TEMPS ANCIENS